C’est incontestable : la pandémie de coronavirus nous a résolument ouvert les yeux au sujet de notre santé, en particulier notre santé à long terme. « Nous avons clairement perçu le lien entre l’obésité et les effets délétères du virus et cela nous a fait l’effet d’un électrochoc », explique Herman Konings. « A maintes reprises, cette situation a aiguisé notre sensibilité à tout ce qui touche notre corps et aux effets de l’alimentation. »
Consommer autrement
Nous sommes dès lors beaucoup plus intéressés par les ingrédients et l’origine de nos produits alimentaires et boissons. C’est ce qui ressort également du baromètre des boissons réalisé par la FIEB auprès de 1 000 Belges* : pas moins de 43,7 % des Belges vérifient toujours ou la plupart du temps la quantité de sucre contenue dans une boisson, un quart d’entre eux regardent le nombre de calories et de vitamines et un cinquième également les minéraux. « Nous consommons non seulement moins, mais nous consommons aussi autrement », explique Herman Konings. « Et nous le faisons suivant le principe LATTE : nous recherchons des produits ‘Local’, ‘Authentic’, ‘Traceable’, ‘Trustworthy’ et ‘Ethical’. »
Nouveauté au naturel
Nous sommes particulièrement attentifs à la richesse de la nature qui nous entoure. « Nous réalisons qu’il existe encore un très grand nombre d’ingrédients naturels dont nous connaissons et utilisons encore trop peu les propriétés bénéfiques. La nouvelle normalité est donc la nouveauté au naturel. Il existe, par exemple, un très grand nombre de plantes, de feuilles, de racines, d’herbes, de baies, etc. ayant des effets puissants sur notre santé. »
La science découvre de plus en plus le lien entre notre alimentation et notre activité cérébrale. « D’après de récentes études, certaines bactéries jouent, par exemple, un rôle dans le développement de la maladie d’Alzheimer et de la dépression », explique Herman Konings. « Nous en apprenons également toujours plus sur le fonctionnement des enzymes dans notre intestin et sur la façon dont nous pouvons les stimuler grâce aux ajouts dans les aliments et boissons. Des recherches complémentaires sont encore nécessaires pour en tirer les bonnes conclusions, mais c’est un élément dont nous devrons tenir compte à l’avenir. »
La réduction de la teneur en sucre est également cruciale. « Nous sommes de plus en plus conscients que nous consommons trop de sucre dont l’excès nuit à notre santé à long terme. Nous optons dès lors de plus en plus consciemment pour des boissons sans ou avec peu de sucre. Et cette tendance continuera à s’accentuer nettement dans les prochaines années. »
Plantes contre le stress
Outre la santé physique, la santé mentale est aussi davantage mise en avant. Et ici aussi, les ingrédients naturels dans les aliments et boissons peuvent jouer un rôle, précise Herman Konings : « Citons, par exemple, les plantes et les herbes qui agissent spécifiquement sur la stabilisation du système hormonal et du système nerveux, ce qu’on appelle les « adaptogènes ». Ces plantes favorisent l’équilibre dans notre corps. Par exemple, les extraits de la plante africaine « ashwaghanda » apportent une plus grande concentration et une plus grande clarté et ceux de la plante « schisandra » influencent notre capacité d’adaptation au stress. En outre, de plus en plus de substances naturelles améliorant les fonctions cérébrales, la mémoire et la capacité d’apprentissage font également leur apparition. On les appelle les « nootropiques » ou « renforceurs cognitifs » naturels. Un exemple est la citicoline, également connue sous le nom de vitamine B4. »
Boissons de pharmaciens
Toutes ces allégations doivent toutefois être fondées scientifiquement. « Les gens veulent avoir des preuves scientifiques solides prouvant l’effet de ces ingrédients. Et cet aspect est de plus en plus pris en compte dans la réglementation sur les allégations. Cela signifie que la recherche scientifique dans le secteur de l’alimentation et des boissons prendra une très grande importance dans les années à venir. Les producteurs de boissons deviendront en quelque sorte davantage des pharmaciens, mais avec des ingrédients naturels. Un retour aux sources donc car le coca, par exemple, a également été inventé en pharmacie. »
Accorder mets et boissons
Bien sûr, le goût reste également primordial, confirme Herman Konings : « Ces ingrédients naturels, extraits, herbes, etc., seront infusés dans nos boissons de différentes manières, créant ainsi des saveurs très complexes. Nous ne sommes qu’au début des immenses possibilités que ces ajouts offriront en termes de complexité des NAB. En premier lieu, je m’attends à ce que les gens en profitent pleinement à la maison. Pendant la crise du coronavirus, nous nous sommes mis à la « mixologie » et cette tendance se poursuivra également avec les NAB. Nous allons commencer à expérimenter nous-mêmes toutes sortes de baies, d’herbes et de super aliments dans nos eaux et nos boissons rafraîchissantes, afin de créer à la fois les effets souhaités sur la santé et de nouvelles saveurs intéressantes et complexes. »
« Il ne fait aucun doute que cette tendance influencera également le secteur de l’horeca. Je m’attends à ce que les chefs misent de plus en plus sur les accords entre les mets et les boissons, y compris avec des boissons non alcoolisées. La carte des plats sera plus limitée mais davantage spécialisée, tandis que la carte des boissons s’étoffera, en particulier avec les NAB. Et les sommeliers pourront en tirer parti, en étroite collaboration avec le chef. »
Fonctionnelles
Nos producteurs de boissons répondent déjà pleinement à ces attentes. La catégorie de créneau des « eaux fonctionnelles » – enrichies en vitamines et en antioxydants – a, par exemple, augmenté de pas moins d’un quart l’an dernier pour atteindre 9,4 millions de litres, indique en tout cas le rapport d’Euromonitor des boissons rafraîchissantes belges en novembre 2022. Et ce chiffre devrait continuer à grimper : d’environ 8,5 % l’année prochaine et jusqu’à 43 % d’ici 2027, selon le rapport. Par ailleurs, la pureté et la minéralisation font aussi l’objet d’une grande attention de la part des producteurs d’eau, qui veillent à une protection rigoureuse des sources d’eau minérale naturelles. Ils misent aussi beaucoup sur les eaux aromatisées qui se déclinent en combinaisons de plus en plus complexes.
Sans sucre
Dans la catégorie des boissons rafraîchissantes, les boissons sans sucre et à faible teneur en sucre représentent désormais 53 % du volume total, selon le rapport d’Euromonitor. Et cette tendance continuera à s’accentuer de manière significative dans les prochaines années. Les producteurs se sont engagés à réduire encore de 7 % la teneur en sucre de toutes les boissons d’ici 2025. On s’attend dès lors à ce que les alternatives sans sucre et pauvres en sucre enregistrent une nouvelle croissance de 2,6 % en volume l’année prochaine, pour atteindre 12,9 % d’ici 2027, toujours selon Euromonitor.
« Nous assistons à un véritable basculement en ce qui concerne nos aliments et boissons, tant en termes d’effets sur la santé qu’en termes de goût. Je suis très enthousiaste quant aux infinies possibilités que tous ces changements offrent au secteur. Nous ne savons pas ce que nous allons goûter et découvrir », conclut Herman Konings.