Nous traversons de plus en plus souvent les frontières pour économiser sur les produits du quotidien. Et c’est certainement le cas pour nos boissons. Outre la TVA et les droits d’accises ordinaires, notre pays prélève en effet une taxe sur les emballages ainsi que ladite « taxe sur le sucre » (qui s’applique par ailleurs également aux boissons sans sucres ou édulcorants telles que les eaux aromatisées). Pas moins de 37 % des Belges déclarent acheter des boissons dans les pays voisins. Près d’un Belge sur neuf s’y rend même au moins une fois par mois, selon notre enquête menée auprès de 1 000 Belges. « La taxe sur le sucre est donc complètement passée à côté de son objectif et notre lasagne de taxes belge entraîne une perte de revenus, tant pour nos entreprises que pour le gouvernement », conclut le président de la FIEB, Bart Peeters.
Bien que le goût reste de loin le facteur déterminant pour les Belges lorsqu’ils achètent une boisson (45 %), la hausse des prix a également eu une influence sur le comportement d’achat : ces derniers mois, de nombreux acheteurs sont devenus plus attentifs au prix. Ainsi, nous regardons davantage les promotions (25 %), consommons moins (21 %) ou choisissons des alternatives moins chères (15 %). Mais la façon la plus frappante d’économiser de l’argent est d’aller acheter les boissons de l’autre côté de la frontière. Pas moins de quatre Belges sur dix déclarent le faire. Et il s’agit non seulement les habitants des régions frontalières, mais les Bruxellois aussi, par exemple, vont régulièrement faire leurs courses dans les pays voisins. 11,4 % font même leurs courses de l’autre côté de la frontière au moins une fois par mois. Chez les jeunes (-34 ans), le chiffre atteint 17,2 % et 5,2 % d’entre eux s’y rendent même chaque semaine. « C’est donc un fait que nos boissons sont plus chères en Belgique, en comparaison avec les pays voisins depuis que notre pays a introduit en 2015 une taxe supplémentaire sur les boissons sucrées en plus de la taxe sur les emballages. Prenons l’exemple d’une bouteille de 1,5 litre de boisson rafraîchissante qui coûte 1,53 €/l en Belgique (Carrefour) ; aux Pays-Bas, la même boisson dans la même bouteille coûte 1,27 €/l (17% moins cher) ; en Allemagne (chez REWE), elle ne coûte que 0,99 €/l, soit 35% de moins, et en France (Auchan), selon la taille de la bouteille, elle coûte soit 1,08 €/l (pour une bouteille de 1,75 litre), soit 29% de moins, soit 1,22 €/l (pour une bouteille de 1,25 litre), soit 20% de moins. Ces droits d’accises élevés érodent le pouvoir d’achat, en particulier pour les revenus les plus faibles », explique Bart Peeters, président de la FIEB.
La taxe sur le sucre est passée à côté de son objectif
Environ 55 % des Belges estiment donc aussi que la taxe sur le sucre, en particulier, est passée à côté de son objectif et ne favorise pas une consommation plus saine. « Cette taxe est prélevée sur toutes les boissons qui contiennent du sucre ou des édulcorants – donc aussi les variétés light, les thés, les cafés ainsi que les eaux aromatisées, même sans sucres ou édulcorants. Elle n’encourage donc pas les consommateurs à réduire leur consommation de sucre et à choisir des alternatives pauvres en calories, ce qui était pourtant le but recherché. Au contraire, cela ne fait qu’augmenter les prix en Belgique et pousse les gens à acheter des boissons de l’autre côté de la frontière, ce qui entraîne une forte hémorragie pour l’industrie belge des boissons mais aussi pour le trésor public belge », déclare Bart Peeters. « Lorsque nous constatons, grâce à notre enquête, que les Belges dépensent en moyenne 50 euros par mois en boissons non alcoolisées et que plus d’un dixième d’entre eux font leurs achats au moins une fois par mois de l’autre côté de la frontière, ça fait beaucoup d’argent qui part à l’étranger. Cela signifie donc une grosse perte de revenus, tant pour les producteurs de boissons et les distributeurs que pour le gouvernement. »
« En d’autres termes : non seulement le pouvoir d’achat des familles, mais aussi la compétitivité des entreprises belges, sont durement touchés par ces taxes élevées. Les chiffres de GfK montrent en effet qu’au cours des 5 dernières années (de 2017 à 2021), nos entreprises ont perdu quelque 369 millions d’euros de chiffre d’affaires à cause des achats transfrontaliers Moins de chiffre d’affaires signifie moins d’investissements, moins d’embauches et donc, moins d’emplois. La taxe de consommation belge représentant environ 45 % du prix de détail de nos boissons, le gouvernement a perdu plus de 166 millions d’euros de recettes sur la même période. Et cette période inclut deux années de corona virus. »
La FIEB plaide donc aussi pour une modification de la taxation afin qu’elle puisse fournir une solution gagnant-gagnant-gagnant à chacun, i.e. le consommateur, les entreprises et le gouvernement. « En diminuant la taxe, nous comblons le fossé avec les pays voisins, rendant les achats transfrontaliers moins attractifs et encourageant les achats en Belgique. Cela compense la diminution de la taxation pour le gouvernement, fournit plus de revenus à nos producteurs belges et apporte plus de confort au consommateur », conclut Bart Peeters.